Vous avez dit bouton d'or ?
Des prairies recouvertes d’or... Ce sont les renoncules ! Et oui, pour ne pas faciliter la vie du botaniste amateur, il n’y en a pas qu’une seule espèce, mais plus d'une dizaine.
Arrêtons-nous sur les plus communes. Voici quelques trucs infaillibles pour les reconnaître.
Chaque espèce a ses petites préférences (ce qui vous donnera déjà un indice) : des pieds mouillés aux espaces ensoleillés des prairies proches de l’eau (fleuves, rivières, simples mares...).
Trois espèces se disputent vraiment le titre de bouton d’or que l’on donne aux marées de fleurs dorées qui couvrent les prairies :
la renoncule âcre est celle qui préfère le soleil,
la renoncule bulbeuse (elle a un “oignon” sous terre) s'accommode des franges ombre/soleil,
la renoncule rampante préfère clairement les zones ombragées.
Impossible de les confondre à y regarder de plus près ! La renoncule âcre a des sépales poilus collés aux pétales et une tige lisse, la renoncule bulbeuse des sépales retournés contre la tige et une tige cannelée.
La renoncule rampante se reconnaît à ses stolons (comme les fraises) grâce auxquels elle s’étend sans partage sur les terres colonisées et ses feuilles souvent bicolores, avec une foliole supérieure détachée du reste de la feuille par un petite pétiole (tige).
D’autres renoncules préfèrent avoir les pieds dans l’eau :
la renoncule aquatique (plusieurs espèces) aux fleurs blanches au cœur doré préfère même nager au milieu de la mare, avec ses deux types de feuilles adaptées les unes pour flotter dans l’eau et les autres pour ne pas trop se dessécher lorsque l’eau se retire.
la renoncule scélérate préfère quant à elle ne pas être immergée mais pousser dans les zones très fangeuses (la vase !).
Attention, si toutes les renoncules sont toxiques à l’état frais, la renoncule scélérate l’est franchement, y compris pour les humains, qui, s’ils la consomment, afficheront un rictus déplaisant lié à la contraction des muscles du visage (d’où son nom en latin “sardonia” qui a donné le rire “sardonique”).
Mais finalement pour les insectes pas de différence : renoncule-ci ou renoncule-ça, toutes leurs fleurs leur font office, de manière égale, de garde manger ou de chaise longue !
Dernière petite info : dans les prairies pâturées par le bétail, trop de boutons d’or signalent du surpâturage. La renoncule est délaissée par les animaux qui ne s’y trompent pas et mettent de côté cette plante toxique, qui peut alors tranquillement se développer et monter en graine au détriment de toutes celles d’à côté qui sont grignotées.